L’évolution dans la tourmente.

Publié le par Juliette

Depuis quelques jours, mon orgueil a baissé ou plutôt augmenté. Je suis prête à tout pour ne plus être sous l’emprise de ma mère.
J’ai décidé suite à son dernier coup bas  de ne pas en rester là.
Elle m’empêchait d’avoir mon indépendance alors qu’elle me reprochait tant de ne rien faire pour.
Elle voulait contrôler ma vie, mes comptes bancaires, je ne pouvais plus laisser passer ça.
Comme me l’a dit une amie : là elle a montré son côté obscur.
Jusque-là, elle pouvait se réfugier sous les prétextes de la protection, de l’inquiétude, là ça a été différent.
C’était de l’intrusion, de la méchanceté, qualité qu’elle tient de ma grand-mère….
Chère maman a joué avec mes nerfs, tant pis pour elle !
Jamais je la laisserai remporter cette manche et me coincer avec ce sal coup bas.
Elle est manipulatrice, ben voilà, enfin un bon héritage: moi aussi et je vais la faire tourner en bourrique pour enfin avoir MA vie, prendre mes propres décisions et faire moi-même les choses.

J’ai rabattu ma fierté et suis allée au centre social pour remplir un dossier RMI.
Elle voulait déjouer mes plans en ne m’envoyant pas certains papiers qui me permettaient de régulariser mon nouveau compte bancaire, tant pis pour elle, j’ai appelé pour avoir les duplicata.

En fait, elle a dû prendre ça pour une trahison. Désormais, je voulais rester à Paris, y vivre, y trouver mon identité et surtout mon indépendance. Ca a dû sonner comme une espèce de fin pour elle. Elle ne veut pas que je grandisse.
Mais les rôles ne seront pas inversés, je suis « l’enfant », c’est à elle de m’encourager, je refuse de lui servir de joujou une minute de plus, de pantin ou de poupée.

Il s’agit de démarches tellement naturelles pour tout le monde.
Pour moi ça a relevé du paranormal. Je n’ouvre jamais de courriers importants, je me demande comment ma gardienne parvient à ajouter du courrier dans ma boîte aux lettes que je ne vide jamais.
Moi qui suis la procrastination incarnée, j’avoue que je ne réfléchis plus, je suis comme un automate qui n’a pas le choix et qui veut clouer le bec de sa mère, qui veut rompre les chaînes et virer le harnais...
Tous ces papiers, toutes ces responsabilités qui sonnent le glas d’une vie insouciante. Toutes ces simples feuilles qui font raisonner : « monde d’adulte » m’effraient et me font fuir.
Ma mère avait toujours tout rempli, même quand je le faisais, elle vérifiait, elle avait les mots de passes de la Caf, la SEPAM, la COTOREP, de mon compte en banque. C’est trop surréaliste…

Aller au centre social demander le RMI a été dur à envisager, puis finalement ça c’est fait naturellement. Les gens étaient supers. Chose rare, banale et pourtant d’importance : tout le monde souriait et chaque employé me passait devant en me disant bonjour. C’est une attention qui met en confiance.
J’ai presque tout exposé à l’assistante sociale.

J’aurai dans quelques jours enfin ma nouvelle carte d’identité, une fois que tous les papiers justifiants mon identité et ma nationalité arrivés.
Je suis contente comme une petite fille, je vais avoir MON identité avec MA propre adresse. Je serais moi, plus seulement la fille de ma mère.

Ma mère que je ne rappellerai plus et qui doit soit m’en vouloir soit s’en vouloir car elle ne m’a pas rappelé depuis samedi. (je précise que j’avais droit à ses ordres, tous les jours auparavant).

Je lis souvent sur des blogs ou livres des témoignages de personnes qui expliquaient que leur mère les aimait par la bouffe. La mienne m’aimait par l’argent. Incapable d’une démonstration émotionnelle, elle cachait ça sous l’argent et le confort.
Je suis dépendante financièrement de mes parents, ce sont eux qui paient mon loyer (pas le reste) et ma mère s’investit de tous les droits en gage
Donc, vite, il est temps que je ne sois plus sous son emprise !
C’est bien d’avoir des parents riches, mais comment on fait quand ils nous ont toujours tenu en laisse avec ça ?
Ca fait beaucoup de rançons finalement...

Je ne serai plus sous le joug parental. On en a trop attendu de moi, on m’en a trop demandé. Je sais maintenant d’où me vient cette rigueur, ce sentiment de perfectionnisme et surtout ce sens du rabaissement : je n’étais jamais assez.
Ma scolarité était très bonne et a finit par s’écrouler tôt. Mon esprit de contradiction se mettait en route, j’en pouvais plus. Quelles qu’étaient les notes que je ramenais, ce n’était jamais assez bien.
Ma mère voulait que je sois la meilleure et m’envoyer dans une école de surdoués, une humiliation de plus : comment se sentir médiocre parmi les meilleurs, comment se rendre compte qu’on est pas à la hauteur.
A cette époque, tout s’est effondré, je faisais exprès d’être nulle pour ne pas y aller, et ça a marché.
Pourquoi aussi ne m’inscrire qu’à des cours de danse classique pour petites filles qui prennent du plaisir dans un loisir ? Non, le conservatoire, c’était mieux ! Evidemment les profs, aux doigts crochus qui vous font remarquer votre ventre, qui vous pèsent, vous font des grimaces, vous reprochent…
Là-bas non plus je n’y suis pas restée…
Ma mère a toujours gâché mes plaisirs et loisirs qui devaient se transformer en compétition, et tout ce qu’elle a réussi à faire : aujourd’hui, pas une ligne de livre n’est lu, pas un mot n’est écrit sans que je pense à elle, sans que je pense que ça risque de ne pas être assez.
La meilleure manière de faire péricliter la scolarisation d’un enfant, c’est de trop lui en demander…

Bref, tant de choses gâchées... Mais je m’en fiche, je préfère être soulagée un temps dans la médiocrité que malheureuse et perdue dans le monde élitiste dans lequel on m’a conditionné...
A avoir voulu faire de moi quelqu’un de parfait et de fort, je suis un monument d’imperfection et de faiblesse.

J’ai failli en quelques jours appeler ma mère plusieurs fois pour lui montrer ce que je faisais seule, heureusement je ne l’ai pas fait mais ça a été dur.
Lui dire que j’ouvrais un second compte n’a pas été une bonne idée, elle s’est immiscée.
J’ai failli comme une idiote !
J’ai failli l’appeler pour lui dire que j’avais fait tout ça, toujours la petite fille qui prend des reproches pour des attentions, toujours la petite fille qui espère l’approbation, le « bravo »...
Finalement je n’ai pas appelé et c’est tant mieux, elle aurait trouvé le moyen de tout démonter et de me détruire.
Je ne peux trouver ça chez mes parents, mais je l’ai trouvé cette semaine chez des amies. Des amies virtuelles, des amies précieuses que je connais depuis longtemps et des amies récentes (un merci particulier à Trynity).
Je l’ai trouvé aussi grâce à une amie récente qui se reconnaîtra puisqu’elle a l’adresse de ce blog, une personne sans qui je pense, je n’aurai pas fait ça, elle m’encourageait, me félicitait mais surtout me mettait en confiance.
Un merci énorme.
Oui je n’ai pas souvent de soutien alors tout ce que je reçois m’est d’une aide et d’un précieux incommensurable.

Finalement, c’est moins effrayant d’avancer que de rester et s’enfoncer, ça je ne le concevais pas.
Ces jours n’ont pas été parfaits au niveau de la nourriture, je ne pouvais pas faire tout ça dans un état normal, je mangeais dans l’après-midi seulement un goûter avec une amie, mais j’avais besoin de planer, je me laissais m’affamer. J’avais besoin de garder une trace de ma bulle, de mon autre monde en même temps que faire un pas dans la réalité.
Je n’ai pas fait de crise ni dimanche, ni lundi ni mardi. J’étais contente et un sentiment étrange est venu s’installer : j’étais fière et contente pour moi, pas pour quelqu’un d’autre.
J’ai fait des bêtises hier soir, je crois que j’avais besoin de manger pour me rassurer, c’était peut-être l’approbation, la présence de ma mère que je mangeais. Rien d’obsessionnel mais je n’ai pas su « la » garder en moi…

C’est rare : je suis contente de moi, heureuse de voir que je suis capable de faire des choses !

Publié dans Au quotidien

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A
Cela fait quelques mois que je te lis, je préfère ton blog sur ce sujet à bcp d'autres parce que les posts que tu écris sont plus mûres et réfléchis que ceux de bcp d'autres blog où les filles tournent en rond dans leur névrose comme un poisson rouge dans un bocal, c'est à dire sans en voir les limites ni l'étroitesse.<br /> On ne devient pas névrosé par hasard, jamais une époque n'a produit autant d'hystérique que celle de maintenant. Ta mère qui semble abusive et intrusive semble avoir un comportement hystérique, comportement qui pourrait être hérité de la sienne. Rien n'est plus jouissif pour une mère comme celle-ci (je parle en général, et ne vise pas ta maman en particulier) de se servir de son enfant comme de ce "phallus" qui lui manque. Cette petite chose que l'on peut manipuler à merci. Or on ne fait pas des enfants pour soit tout comme on ne vit pas pour sa mère.<br /> Etre adulte c'est admettre ses failles et le fait d'être faillible, ne plus attendre l'approbation de sa mère pour agir et vivre, se créer ses propres repères. Par les TCA, tu exprimes une révolte, tu te créer des repères mais des repères qui font mal, car il est difficile de quitter sa mère sans culpabiliser, sans retourner sur soi la propre haine ou violence que l'on peut ressentir pour sa mère.<br /> C'est un parcours long et difficile, depuis des années je traîne des symptômes résultant de cette même haine, mais la situation avec ma mère s'est améliorée depuis que je vis loin d'elle géographiquement, depuis que j'ai appris à ne pas tout lui dire, depuis que j'ai pu prouver que je savais réussir sentimentalement et professionnellement sans elle, par mes propres choix et mes propres efforts. Tout n'est pas encore terminé, on efface pas des années de "jamais assez bon" comme ça.<br /> Mais retient toutefois que ce qui fera de toi quelqu'un de riche, seront aussi bien tes propres succès comme tes propres échecs.
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L
c'est bien tout ce que tu as fait ma belle! <br /> Je reste stupéfaite comme les mères peuvent être intrusives et ainsi de ne pas nous respecter en tant que personne. <br /> Je suis fière de toi Juliette. Gros grs bisous
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N
Beaucoup de choses qui te font avancer Juliette.L'indépendance que les enfants prennent dérange parfois les parents car ils n'exercent plus autant de controle sur nous.Parfois ils ont mm du mal a voir que leur enfant n'est plus leur objet mais une personne adulte avec tout ce que cela implique.Suis fière de toi et de tes démarches,c'est bien puce,tu fais ton bonhomme de chemin!Continue!Bisous
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