Son départ

Publié le par Juliette

Je finis par arrêter de fuir, je quitte l'ordinnqteur et le pqrc de l'hôtel où je viens de voler, d'arracher une dizaine de citrons verts, une vingtaine de feuilles de diviers arbustes.
Je me dit que je dois rentrer, je ne dois pas la laisser seule, je veux être là quand elle l'apprendra de vive voix, je veux que ma tante lui dise sans avoir la lâcheté de le faire expliquer par les personnes du centre.

Je la croise, elle est là, souriante, elle va se baigner à la piscine, me demande si je veux venir, je n'ai pas le courage, je ne lui dit même pas non, je ne lui dis même pas de venir, qu'elle profite encore un peu.
Je vois ma tante en pleurs qui me dit qu'elle a essayé de lui dire, apparemment tout est resté bien trop subjectif.
Ses paroles : "S... est-ce que tu te rends compte de ce qu'il se passe, on arrive pas à s'entendre."

Je la gifflerai, elle est en demande d'un électrochoc depuis une dizaine de jours. Combien de fois je t'ai dit de la prendre en face et au lieu de la menacer, de suggerer sans dire, d'être honnête, de la regarder et de lui dire: bon S... ça ne parche pas du tout entre nous, tu te rends bien compte qu'on peut pas continuer comme ça, alors quels efforts je dois faire et quels efforts tu dois faire ? Et surtout, est-ce que tu veux venir avec moi ? Est-ce que tu veux être adoptée ?
Comment ON fait ?

Je lui demande comment ça va se passer, elle me dit que les gens du centre seront là et qu'elle lui dira en présence de son psy, de l'avocate et de l'assistante sociale. Ah si seulement...
Elle appelle désespément la traductrice, qui d'aileurs est traductrice dans tous les sens du terme, je ne suis pas con, tu crois que je comprends pas ce que tu dis ? J'ai du mal à faire des phrases compliquées aussi quelques fois je te demande de l'aide, mais j'ai bien vu que tout était édulcoré, tu fais la même chose quand tu traduis ce que ma tante exprime à l'avocate, la psy...  Du coup maintenant, je te demande de traduire 3 mots à la fois, pas une phrase complète !

Elle ne répond pas, l'avocate de Bogota finit par répondre et parle à ma tante d'autres enfants plus jeunes alors qu'on ne sait pas où CETTE ENFANT encore là va dormir, où elle va aller, comment les adieux vont se passer !!
J'ai envie de gerber, ma tante aussi je crois.
Dépourvues, on comprend bien qu'ils n'assument pas les refus et qu'on va devoir se démerder toutes seules.
Cette traductrice 2h plus tard n'a pas répondu.
Je suis dans ma chambre avec ma tante, moi les yeux dans le vague, le regard éteint allongée sur mon lit et ma tante, assise sur le fauteuil les yeux boursouflés, à bout de nerfs.
Forcément, j'ai essayé de la faire changer d'avis, je complique tout.

Dans ma tête tout passe, je me rappelle de tous les dires des adoptants. Il y a 2 semaines, une nouvelle famille est partie pour la France avec une petite fille de 7 ans qu'ils étaient venus adopter. Elle tappait sa mère adoptive, coups de pieds, giffles, hurlements.
On avait dit à la mère que c'était une réaction qui arrivait et que ça changerai en France, pas très rassurant, pourtant  ces parents ont prit le risque, ils l'ont amenée en France avec eux et voilà que depuis 15 jours, tout va bien, les autres familles adoptantes ont des nouvelles et apparemment, elle se serai calmée directement dans l'avion, elle aurait serré sa mère dans les bras et une fois en France son agressivité n'était plus là...
Alors pourquoi tu prendrais pas ce risque toi aussi bordel ??!!!

A peu près 5 familles adoptantes sont à l'hôtel en même temps que nous, 4 françaises et une allemande, tous les enfants jouent entre-eux, les parents sont très solidaires, combien de fois ils ont soutenus ma tante, l'ont épaulé.
Un soir l'un d'entre-eux est venu car S... s'était enfermée dans la salle de bain pour n'affronter aucun regards et revenant de sa "fugue". Il a prit un couteau pour trafiquer la serrure et l'a mise sur son lit pour la calmer.
J'ai bien peur que toutes ces langues, bonnes ou mauvauses aient raison, il manque une présence masculine.

On l'a déjà entendu, l'agressivité s'appaise chez beaucoup d'enfants. J'entends même l'histoire d'une petite fille de 4 ans. Très souvent, les enfants font un peu d'anorexie sous le choc du changement, à cause de la peur, pas d'anorexie mentale, la vraie, l'anorexie tout court et j'entends qu'une petite fille de 4 ans après chaque repas se mettait les doigts au fond de la gorge ! 4 ans ?!!
Pour que ça se calme, sa mère un jour est venue avec elle aux toilettes, a fait la même chose, la petite fille effarrée lui a demandé ce qu'elle faisait, la mère a répondu "bien, je fais comme toi !", la petite fille lui a dit de surtout pas faire ça parce que ça faisait mal... Sa mère lui a dit : "maintenant, je suis ta maman, à chaque fois que tu feras ça, je le ferai aussi, on fera ça ensemble, je suis pas venue te regarder souffrir... je suis ta maman, quand tu as mal, j'ai mal et je t'aide..."
Il semblerait qu'une personne de la "famille d'acceuil" de cette petite fille la traitait plutôt mal ou la punissait d'avoir mangé, on ne l'aura jamais su, est-ce que jamais ça ne reviendra, j'en doute...
A quatre ans, on a forcément dû la forcer, 4 ans ???!!!

Personne ne nous rappelle, ma tante parle à S de ce qui se passe, de ce qu'il va se passer, elle fait comme si, comme si elle n'avait pas entendu, elle sourie, elle me regarde en souriant, me demande si je veux aller à la piscine avec elle...
Ma tante effondrée sort et je prends la petite fille par la main, elle est allongée sur mon lit et je lui dit qu'il faut qu'elle soit sérieuse, qu'elle parle. Elle arrête de jouer la comédie, son regard devient noir et triste, profondément perdu.
Putain, mais parle bordel, t'as peut-être encore une chance, moi je veux y croire, c'est pas encore finit, parle, parle, exprime toi bordel !!

Le taxi arrive, la traductrice est là, elle passait part hasard, il faut faire vite, le centre va fermer, personne ne viendra prendre S...
Ils commencent à faire ses affaires quand je gueule : "arrêtez, vous êtes en train de la violer là, laissez-lui faire ses affaires ! C'est pas un paquet de lessive, une chose qu'on repose dans la rue avec ses affaires toutes préparées !!"
S... se réveille, comprend, se rend compte, je la prends par la main, pour qu'on fasse ses affaiores ensemble, je me grille pour ne pas pleurer, elle me répète qu'elle ne veut pas y aller, qu'elle ne veut pas partir et pour la première fois elle pleure.
Cette situation est ignoble, ma tante répète: "c'est dégueulasse ce qui est en train de se passer, pour tout le monde ! Pourquoi ? Pourquoi ?"

Je peux ien faire d'autre que tenir la petite fille, la prendre dans mes bras, les bagages et les adieux se font si vite, je glisse dans son sac mon adresse mail, mon bracelet en argent qu'elle adore, la bouteille de mon parfum que j'avais acheté en duty- free, une petite lettre, des bonbons, je me rappelle plus.
Elle avance vers le taxi, tout le monde pleure, pas moi, pas encore.
Elle court vers moi, me saute dans les bras, je sens son ventre qui fait des bonds, j'entends sa respiration sursauter, elle me répète qu'elle ne veut pas partir, qu'elle veut rester, elle me demande de la garder, de l'adopter, elle me supplie, me demande pourquoi je ne peux pas, j'ai l'âge de le faire..."

Ma tante, l'interprète, la petite fille et le taxi s'éloigne, je me met à pleurer, ça y est, j'ai le droit. J'entends des sons alors inconnus, je pleure en faisant du bruit, des vrais pleurs.
Je vais sur le balcon et je reste prostrée, je ne pense plus, ma tante reviendra 3h plus tard dans un sal état, 3 heures à expliquer, 3 heures à insister sur le fait que S... devait être suivie, 3 heures à expliquer qu'elle ne peut pas être sa maman, mais qu'elle aimerait la marrainer...   
En fait, j'en sais rien, je suis plus sûre de rien, c'est flou, c'est refoulé. On ira pas dîner, normal, ni elle, ni moi.
Alors que cet hôtel est toujours silencieux, il y a une fête ce soir, beaucoup de bruit, beaucoup de monde, une équipe de joueurs de foot est là et fait la fête.
Je vais dans mon coin habituel avec mon cendrier habituel, deux viennent me voir.
Je m'en fou, je les laisse parler, pire : je parle avec eux. Pourvu que mon cerveau ne pense plus.
Ils insistent en me demandant si je dors seule, si j'ai un lit pour moi, ce que je fais dans la vie, je m'en fou, ils sont cons, mais je reste, ils m'offrent des bières.
Deux semaines que j'ai été assez sobre avec l'alcool, ils espèrent que je serais bourrée pour faire plus de choses, seulement, c'est pas gagné pour eux, je tiens bien et c'est pas vos pauvres bières colombiennes, vos "sodas à 3 ou 4% d'alcool qui vont me faire quelque chose, ou amenez moi un fut..."

Je rentre dans la chambre, S... au centre a écrit un mot pour moi, je le lis en prenant un lexomil, j'ai du mal à comprendre, le langage msn ou texto en plus en espagnol, c'est pas facile :
" Hola prima, anque yo non peudo ser tu prima, pero siempre vas hacer anqué estemos lejos o serca nunca le boy a olvidar me vas hacer mucha falta cuando me vallas o este serca de ti.
Te dare mi correo ...
Chao pero ahora me este ropiendo el corazon, me vas hacer mucha falta.
Recuerda S... loca
Chao, S... loca, te quiero
chao té mondo un beso
Estoy pradas a dos porque te conoci prima"




Je ne lui dirai jamais, mais un jour j'irai la chercher.

Publié dans Au quotidien

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P
<br /> Arrète de te faire des films, tu n'iras jamais la chercher parce que ta vie reprendra son cours et tu oublieras... Ca m'enerve de lire tant de conneries tiens ! <br /> Un peu de constance et de conscience, t'es pas Soeur Thérèse !!! <br /> <br /> <br />
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L
Coucou Juliette,Tu n'écris plus... j'espère que c'est parceque tu vas bien et que tu n'en ressens pas le besoin... sinon... ben on est là...Je t'embrasse.
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R
BonjourJuyette !!! gros bisous à toi et à ta pitite Batavia, je pense fort fort fort à toi...gros gros gros bisous
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R
Bonjour ma Jujuyette...pinaise c'est dur de ne point avoir de nouvelles de toi... je ne sais pas comment dire, c'est horrible je ne sais pas mais si tu savais combien je suis désolée de tout ce qu'il s'est passé en Colombie, pour ta cousine S...., pour ta tante et pour toi bien sûr ma Jujuyette...le monde est injuste... c'est nul ce que je dis, j' arrive pas à dire ce que je voudrais pinaise...mais bon je suis là si tu veux parler un peu, beaucoup, n'énormément... ^^. n'hésite pas surtout (pitite patate).je t'adore tu sais, tu comptes vachement pour moi, même si je sais qu'on peut point se voir en vrai de vrai... (bouh.)c'est pas grave, loin des oeils mais près du coeur...pour finir une pitite rrrrrrrrrrrrrrransonne :"A la pension des Mimosas, tout le monde est heureuxMême si quelque fois le ciel n'est pas toujours bleu-euMais elle est arrivée un jourEt d'un seul coup l'amourEst venu enchanter tous ceux qui l'habitaientJuyette je t'aimeJuyette je t'aimeVraiment c'est bien toi la plus jolieJuyette je t'aimeJuyette je t'aimeEt je sais que tu est mon amieJuyette je t'aimeJuyette je t'aimeNotre rayon de soleil c'est toiJuyette je t'aimeJuyette je t'aimeA la pension des Mimosas"... (mouarf)voilà ^^.gros gros bisous prends bien soin de toi Juyette
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J
DU SOUTIENTvoilà ce que je demandechere anaboulixje voudré bien te demander du soutientje suis anorexique à tendances boulémiques depuis 1 an (je sait ça représente pas grand chose pour toi)mais voilà, je ne veux pas en faire pendant 17ans!je voudrais au moins du soutiendje suis suivi par un médecin et un psychologueet chaque jour j'ai l'impression de méloigner de plus en plus de la réalitéet je ne peux déjà plus me quitter de mon anorexie chérieje ne demande biensure pas que tu me guérisse(je ne pense pas que tu le pourrait et je suis sure de ne pas le vouloir pour l'instant)un peu de soutient... voilà ce que je souhaiterait...merci d'avoir lue mon petit commentaire.tu peux aussi aller voir mon blog: www.junespring.over-blog.comet mon adresse e-mail:junespring@hotmail.frmerci.                  JUNE.              
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