Est-il "mon" psy ?
Même mon psy est un paradoxe, lui aussi utilise toujours une espèce de langage codé
Mettons notre orgueil de côté et soyons cons, soyons plats, disons-nous tout, simplement cher Docteur parce que je pense que ça éviterait des énigmes interminables. Je suis perdue, s’il vous plait arrêtez de rentrer dans mon jeu, à moins que ce soit le contraire.
En ce moment, je suis en train d’essayer depuis une semaine de préparer tout un dossier que l’assistante sociale m’a demandé de préparer et finalement, rien n’est prêt.
La pauvre voulait que je lui calcule mon budget !
Mais je n’ai aucune idée de mon budget bouffe ! Je peux ne dépenser que 30 euros en un mois comme je peux faire une semaine à 200 euros avec les crises !
La première idée qui m’est sorti de la tête après le désespoir de voir ma vie se retourner, se ratatiner sans espoir a été : mais comment je vais faire pour faire des crises moi s’ils regardent mon argent ? Où je vais trouver le fric ?
Je commençais déjà à passer en revue tout ce que je pourrai vendre sur ebay pour faire mes crises !
Mon psy m’a dit hier qu’il avait une patiente qui touchait le RMI en faisant des études !
Il m’a dit que c’était possible, qu’il y avait des démarches exceptionnelles à faire, mais que c’était bien possible étant donné que ça avait été le chemin de bataille d’une de ses autres patientes.
J’ai resplendi, j’ai souri, j’ai tapé des pieds, un peu d’espoir rentrait à nouveau.
Il m’a dit ça à temps, je revois l’assistante sociale cet après-midi.
Je n’avais pas envie de parler de plus, j’avais juste envie de savourer ma joie.
Ca faisait plus de 6 semaines que je ne l’avais pas vu, il était en vacances, puis ce fut mon tour. Il m’a donc demandé un petit résumé…
Je lui annonce fièrement ne pas avoir vomi depuis 17 jours, je lui explique les efforts que je fais.
Rien, pas un froncement de sourcil, pas de réaction.
Ce n’est pas que j’attendais qu’on me dise que c’était bien, que si, que ça, mais ce silence était culpabilisant. Je n’ai pas compris. Aucune réaction, comme si c’était mon Leitmotiv ! C’est la première fois que je me force à ne plus vomir de crises.
Je voulais absolument parler de ça avec lui, parce que c’est dur, ça pèse lourd. Chaque jour, chaque minute, je ressens la douleur du manque de ne plus vomir, je suis obsédée. Fière de moi et en même temps si perdue.
*elle* essaie chaque jour de me convaincre qu’un vomissement n’a rien de dangereux…
Elle utilise tellement de mots envoûtants !
J’avais besoin de me défouler sur le sujet, de cracher toute cette pression qu’il y a en moi, d’écrémer toutes ces émotions, de ne garder que les pures qui me laissent à penser qu’arrêter de vomir est bien et faire sortir les autres, les culpabilisantes, les affreuses, celle que *ça* me sert…
Je voulais lui dire qu’avec 17 jours sans vomissements, l’entretien avec l’assistante sociale et tout ce qui en a découlé j’avais tendance à abuser de la petite boîte en plastique verte, des petite gouttes et que je ne refusais pas à un verre d’alcool.
Et il me répond : "Mais arrêtez de vous auto accablez comme ça !"
Et vous s’il vous plait, arrêtez ce jeu, je ne comprends pas là, je ne sais pas quoi faire. Vous utilisez la provocation pour provoquer des déclics, mais vous savez ce que ça a donné la dernière fois ! Un carnage…
Alors que penser ?
Je crois qu’il ne comprend pas bien l’ampleur des dégâts quand je parle de mes collections de cachets… Il y en a partout, partout chez moi et chaque fois que je vais chez un médecin, j’en demande encore et encore.
Il ne se rend pas compte de ce que je ne voulais pas m’avouer, et je ne lui dis pas tout. Il ne m’a pas laissé le temps de finir et à vrai dire : tant mieux.
Il doit croire être le seul à me faire des ordonnances…
Le truc c’est qu’il y a mon médecin référent, mon autre généraliste qui croit être encore mon référent, j’ai trois neurologues en service hospitalier.
Et autant dire qu’un neurologue n’est pas avare en cachets, surtout quand il fait des ordonnances pour une durée de 6 mois.
Il suffit de perdre son ordonnance et une autre est aussitôt renvoyée…
Hier il m’a appris une sacrée nouvelle que je n’ai pas su savourer à sa juste mesure.
Je suis sortie triste et énervée, je regarde dans mon sac, je cherche, pas de Lexomil…
Je suis rentrée en panique, j’allais voir mon dentiste après, il m’en fallait !
Ma tête a commencé a tourner puis j’ai fait la tournée des boulangeries du Marais. Je marchais comme un automate, je me suis retrouvée dans les Halles, puis à Montorgueuil alors que je partais de Place des Vosges.
J’avais plus aucune dignité, je me suis trouvé une cour ouverte avec une cage d’escalier noire pour engouffrer.
Je n’étais même pas chez moi. J’ai fait des crises sans les vomir chez moi, mais chez moi j’ai mon lit, chez moi je peux m’allonger, chez moi je peux pleurer, chez moi je peux téléphoner, chez moi je peux essayer de me détendre, chez moi je peux fermer les yeux, chez moi j’ai du Rivotril !
J’étais paniquée et je ne réfléchissais plus, je suis rentrée dans les wc du premier bar et j’ai failli.
Après une crise si je ne vomis pas, j’ai mon Rivotril, là je n’avais ni vomissements, ni cachets !
Je ne l’ai pas fait, je ne sais pas comment. Finalement je suis rentrée dans une pharmacie et j’ai demandé « est-ce que vous avez quelque chose pour aider à digérer s’il vous plait ? ».
Oui bien sûr, alors si vous êtes un peu ballonnée après les repas…
J’avais trop mal, je me fichais de tout ce qu’on pouvait penser et je lui ai demandé « quelque chose pour aider à digérer de grosses prises alimentaires exceptionnelles ». Il a compris, je pense et je m’en fichait totalement, puis m’a filé un truc qui n’est pas du tout efficace. J’ai un œdème ce matin !
Voilà, ma belle journée d’hier qui s’est une fois de plus terminée par une crise, je crois que je me détestais tellement que « je voulais me finir ».
J’ai prit des cachets pour ne pas aller vomir parce que ça commençait à remonter tout seul.
Après tout, il ne s’agit que de petits cachets ? Rien de grave, il faut que j’arrête de m’accabler ! Ce n’est pas dangereux…
(18 jours sans vomissements)