S'il te plait, restes dans ce ventre...
J’ai une amie qui doit sous peu accoucher…
Ca m’inquiète, ce bébé me stresse, j’aimerai qu’il reste encore dans son ventre...
La grossesse me fait peur, la transformation du corps, ces formes, ce corps qui devient matériel, ce corps qui sert à d’autres, ce corps qui a une utilité, ces formes, ces formes surtout…
J’ai eu de la chance, (ça va être horrible à lire, mais je pense que les malades qui me liront me comprendront) : elle est très mince, en fait elle a juste le ventre qui sort. Une veinarde de 60 kilos pour 1m71 à 9 mois !
Oui, ce n’est pas beau à lire mais pourtant je suis rassurée, je n’affronte que ce qui me fascine : le ventre.
J’aurai eu peur en la voyant gonfler partout, en fait c’est le gonflement de la poitrine qui m’effrayait…
Cette arrivée m’angoisse, ça devrait me rendre gaie, mais ça me rend morose et craintive. J’aimerais qu’il reste dans ce ventre encore un moment, je ne suis pas prête à ça…
Pourquoi ça me touche autant ? Je ne sais pas vraiment...
En fait ça vient peut-être du fait que j’ai été adoptée, son ventre me fascinait, j’avais hâte de le sentir bouger, je l’ai senti seulement la semaine dernière avoir le hoquet et me donner un petit coup de pied.
Ca me fait bizarre de voir que j’ai moi aussi grandi comme ça dans
un ventre.
Bien entendu, je suis au courant : les enfants ne naissent pas dans les choux !!
Mais je n’avais jamais imaginé, réalisé que j’avais grandi dans le ventre de la « mienne » moi aussi, je n’avais pas suivi de grossesse de proches...
Ca me fait bizarre de voir qu’elle l’aime déjà alors qu’il est dans son ventre, je suis étonnée qu’il y ai déjà une complicité alors...
En fait j’ai remarqué depuis quelques semaines que toutes ces maladies pourraient bien avoir un rapport avec mon adoption justement.
Cette adoption ne m’a jamais traumatisé, j’ai jamais été intéressé à chercher ma mère, à l’imaginer...
C’est vrai que ça aurait été bizarre qu’un tel fait ne me touche pas, on travaille sur le sujet avec mon psy, mais j’avais pas tellement remarqué, j’ai quand même fait de l’anorexie du « nourrisson » jusqu’à 2 ans et demi...
Je ne sais pas si tout ça est lié, je le découvrirai plus tard, mais une chose est sûre et vérifiée : ma peur de grandir, ma frayeur de devenir une adulte...
Et là, ce petit bébé, il sera le premier des vieilles copines, ça fiche un coup, j’ai l’impression que tout va changer.
Je redoute la naissance, j’ai un peu peur d’affronter l’amour de S pour son petit bébé tout de suite et d’affronter le fait que moi, on ne m’a pas assez aimé pour me garder.
Tout le monde dit que cet amour est inné alors j’ai peur de voir encore que je n’ai pas été à la hauteur pour être gardée...
Bizarre tout ça, ça me fait du bien de l’écrire, je ne m’étais pas rendu compte de tout ça...
Je ne regrette pas d’avoir été adoptée, pas du tout mais je me demande pourquoi.
J’étais « trop » ou « pas assez » dès le début de ma vie.
Un « chose » trop transparente, trop fade pour mériter d’être gardée et en même temps : une gène, un trop…
Oh, S, s’il te plait garde le encore une année !!!
En tout cas, je te souhaite d’arriver à l’hôpital à temps, de ne pas souffrir, d’avoir une péridurale de taureau, j’espère qu’il pourra passer sans césarienne et que tes hanches comme on le redoute ne seront pas trop étroites...
Et si tu pouvais rester en bonne santé et accoucher sans problèmes, ce serait parfait...
J’attends que tu m’appelles et je sauterai dans un taxi direction l’hôpital de Neuilly bien que je redoute tant de le voir et de le prendre dans mes bras...
Quoi que, accouche vite qu’au moins j’angoisse sur l’action et que je n’appréhende plus !!!
