Aujourd'hui...

Publié le par Juliette

Août 2006:

Je suis actuellement boulimique vomisseuse et même si j'ai du mal à me l'avouer anorexique.

Tous mes TCA ont commencé très tôt, dès l'entrée au collège, j'ai aujourd'hui 26 ans.
Tout a commencé par l'anorexie restrictive, la boulimie est apparue au lycée.
Les maladies ont jonglé, j'ai eu quelques périodes de répit.
Actuellement je perds beaucoup de poids, non pas que ce choix soit guidé par mes obsessions mais j'ai eu des problèmes de santé qui ont nécessité des traitements médicamenteux assez lourds.
J'essaie de maigrir en faisant le moins de crises possible, et en évitant de retomber dans l'anorexie purement restrictive.
Ces 2 maladies sont là, j'essaie de ne pas les laisser plus s'installer, j'avoue que faire un régime sans tca est vraiment dur pour moi qui ai toujours vécu avec.
Toute la journée je me bât contre ces voix, celle de l'anorexie qui me rappelle, me fait croire en une issue, une solution de facilité merveilleuse et la boulimie qui m'insulte et me rabaisse...
J'aimerai guérir ne plus vivre avec, être capable vivre comme tout le monde mais j'ai très peur.
J'ai peur de ne plus pouvoir maigrir, j'ai peur de grossir, j'ai peur de ne plus avoir de repères et d'arrêter de perdre du poids quand mon nutritionniste me dira qu'il est temps.
J'ai peur de ne pas me rendre compte que je suis encore grosse.
J'ai peur de ne plus avoir ces maladies dans mon tirroir.
Chaque jour je me dis que je regarderai ça plus tard, que la guérison attendra encore plusieurs kilos parce que je serai incapable de m'accepter grosse, que je veux repartir sur des bases saines...
Et en même temps, ces 2 maladies m'empêchent de maigrir à présent.
J'ai perdu la première partie de ce poids à perdre trop rapidement (selon les autres) et mon corps fait obstacle.
Je ne sais plus quoi me dire, j'en ai déjà parlé, mais à chaque fois le médecin, la personne ou même le livre emploi la phrase qui me fait me retourner et me boucher les oreilles "on ne décide pas de son poids"...
J'ai décidé de "bricoler" en attendant et tant que c'est encore possible...



Depuis le mois de Novembre 2006:

Je suis suivie par un psychiatre, je n'avais plus le choix, ça faisait trop longtemps, c'était trop pesant. Une sombre période de dépression est installée depuis le mois d'août. Ce psychiatre est spécialiste des dépendances et ce n'est pas plus mal car j'en ai d'autres que les TCA (achats compulsifs, procrastination).
Je ne peux plus m'en sortir sans cachets. J'ai beaucoup de mal à accepter d'en prendre, je vois ça comme un échec et surtout, j'ai très peur qu'en allant mieux je culpabilise moins en mangeant, j'ai peur de perdre le contrôle.
Je prends une mollécule qui ne me réussit pas et m'enfonce dans les angoisses, on me remplace cette mollécule par une autre. Les angoisses étaient si fortes que j'avais du mal à respirer, elles duraient jour et nuit, je ne vivais plus.
J'ai tout l'attirail: AD, anxiolytiques et somnifères dont le me sers au début.
Je ne savais pas vivre sans les TCA (et je ne sais toujours pas).

J'ai lâchement abandonné mon suivi en service de nutrition hospitalier.
Ma nutritionniste pourtant réputée n'a pas été très fine en août en me disant que je n'arriverais plus à maigrir, que jamais je ne pourrais perdre tous les kilos que m'ont fait prendre ces médicaments. Dans ma tête a raisonné le mot "défi" et l'anorexie est revenue en trombe.


De Août à Janvier

Les restrictions sont très fortes, je ne mange plus que liquide et je  "gardes" en moi entre zéro et 500 calories, je me shoote à la faim.
Je suis dans un état de faiblesse et de dépression assez prononcé. La dénutrition est là, pourtant je ne suis pas maigre, ni même mince.
Je me calme pendant les fêtes de Noël, je suis chez mes parents et ma mère me harcèle. Elle me dit que je devrais manger, je réagis en ne mangeant pas, elle me dit que j'abuse, j'en prends encore plus et vais vomir. Mon esprit de contradiction est très prononcé.
J'ai mangé pendant les vacances, j'ai du mal désormais à assumer la faim, les restrictions sont moins dangereuses.



En Février: 2007

Les restrictions sont moins présentes. Les compulsions remplacent la boulimie.
Et sont malheureusement toujours présents, les vomissements.
Je deviens plus responsable dans la prise de cachets, j'arrête d'en abuser. J'en ai des stocks, toujours dans la peur de manquer, j'allais d'un généraliste à un autre m'en faire prescrire.
Aujourd'hui, je prends un AD le matin, un anxiolytique quand l'angoisse est trop insupportable, j'essaie de ne pas y avoir recours plus d'une fois par semaine.
Les insomnies persistent et je ne prends plus de somnifères, ils sont complètement inéfficaces sur moi.
Je commence à retrouver le sourire, les angoisses s'espacent, je mange avec moins de culpabilité, mais je maigris toujours. Je n'ai toujours pas perdu tout le poids que m'a fait prendre les antiépileptiques, ceci-dit je ne suis plus en danger ou diforme selon les autres et les médecins. En même temps je partais de très bas.
Malgré une perte de 30 kilos, je ne vois rien, mon corps est toujours trop gros.
Je commence à avoir très peur de maigrir, chose que je n'ai jamais connu car je perds ma carapace, j'entre dans le monde des gens normaux. Il va falloir que je fasse sans la carapace de la maigreur ni du surpoids. C'est très dur pour moi, je retarde presque l'amaigrissement.


Publié dans Présentation

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J
<br /> Salut les filles, <br /> <br /> <br /> Je souffre de tca (comme la plupart d'entre vous je pense), et je n'en peux plus de me battre seule! J'ai besoin d'aide, de soutien, de conseil, de pouvoir communiquer avec des gens qui partagent<br /> les mêmes souffrances que moi, pro ana ou pas. <br /> Je veux juste sortir de ma solitude et puisque ma famille et mes amis ne peuvent pas comprendre ce que c'est d'être anorexique, boulimique, hyperphagique, j'aimerais en parler avec des gens qui<br /> savent, qui ressentent la même chose et que ne jugent pas! Merci à toutes celle qui me contacterons, ça me ferait énormément plaisir, sachez que j'en ai besoin. Je vous laisse mon adresse e-mail<br /> : julie.ok@laposte.net (ce n'est pas ma vraie identitée). <br /> <br /> <br /> Bon courage à toutes, en éspèrant avoir des réponses  Julie.<br />
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C
<br /> Hello!<br /> <br /> Je suis tombée par hasard sur ton blog, et j'ai été très touchée, troublée...<br /> <br /> Je me suis même demandé comment tu allais maintenant?<br /> <br /> Je n'ai pas tout lu, mais j'ai été anorexique / boulimique mais j'ai eu la chance de m'en sortir assez tot et de reprendre les 20 kg que j'avais perdu en moins de 2 ans....<br /> <br /> Bref , je comprends que ça peut faire peur et je pense que tu as beaucoup de soutien et je pense que ton blog te permet de beaucoup t'exprimer, mais si tu as besoin, envie ou n'importe quoi comme<br /> raison d'échanger quelques mots avec moi je t'ai laissé mon adresse mail, sans aucune envie de te juger ou quoi que ce soit.<br /> <br /> <br /> <br />
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B
<br /> <br /> BONJOUR JE VIENS DE ME CONNECTER SUR VOTRE BLOG ET TOUT CE QUE VOUS DITES EST TELLEMENT VRAI...surtout votre réflexion sur la société et le rapport que l'on a à la maladie.<br /> je suis anorexique depuis mes 17 ans et j'en ai 20 aujourd'hui. je suis passée de 64 à 27 kg en un an puis je suis revenue à mon poids de départ mais je ne suis pas guérie...je pense toujours au<br /> traumatisme qu'a été mon anorexie, j'en fait des cauchemards la nuit notamment de mon hospitalisation et de toutes leurs règles à la c... mais en même temps je suis terrifiée de perdre totalement<br /> ce lien qui m'unit à cette maladie et à chaque fois que je me fais vomir, à chaque fois que je regarde mon corps...je me revois il y a deux ans.<br /> je suis aujourd'hui boumlimique vomisseuse après avoir été boulimique d'où ma reprise de poids qui me hante actuellement même si c'est elle qui me permet de vivre.<br /> j'ai failli mourir et je ne le réalise que lorsque je croise d'autres malades.<br /> je les envie et j'ai en même temps à chaque fois envie de pleurer de douleur, mon corps se souvient de cette soufrance<br /> parce que toutes les anorexiques sont un peu masochistes involontairement, parce que l'anorexie est une maladie où l'on n'arrive pas à prendre du recul.<br /> parce qu'à l'instar du sida dans les années 80, l'anorexie et la boulimie sont empreintes de clichés,de peur et de honte.<br /> enfin, ce n'est que mon humble avis.<br /> courage à toutes celles qui traversent cela.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />
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D
je me suis permis d'emprunter un passage d'un de tes textes et j'y ai ajouté un lien pour que les lecteurs sachent qu'il est de toi. Je te préviens et aussi pour être sure que ça ne te gène pas je l'enlèverais si ça ne te plait pas. voila je repars à la lecture de ton blog.A bientôt et courage *
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Y
Super Juliette, merci pour ta réponse complète. Je te provoques car ton récit raisonne chez moi comme une lamentation. A ce propos, j'ai cessé (par exemple) d'être mélancolique quand j'ai décidé de ne plus m'apitoyer sur mon sort, de penser au passé, d'avoir des idées noires. J'ai pris sur moi, petit à petit, pour devenir quelqu'un d'enjoué, très souriant, à l'aise en société. Pour les TOCs, je n'ai pas agit différemment : j'ai considéré que mon stress était au centre de tout cela et j'ai agit sur tout ce qui pouvait me calmer : conduire lentement, ne pas faire les choses à la dernière minute, ne plus être perfectionniste (que c'est bon d'être imparfait et de se dire que c'est normal), etc. Et la cerise sur le gâteau : la rencontre avec mon amie. Un apaisement, une sécurité, la quiétude. Peut-être aussi que j'ai dû penser à quelqu'un d'autre que moi, et que ça m'a aidé à me sortir de mon toc. Je précise que cette obsession était telle que le raconter autour de moi provoquait de la consternation, que j'ai été contacté 6 à 7 fois pour témoigner lors d'émissions télé sur ce sujet. Voilà, c'était pas "Je me lave tous les matins, c'est compulsif chez moi". Je me suis "collé des baffes" pour changer ma vision de la vie, et ça m'a grandement aidé à calmer mon TOC. Voilà pourquoi je pense qu'il faut aussi agir sur les éléments extérieurs, réduire ces agents anxiogènes. D'où mon expression sur "regarder son nombril".Je ne pense pas que la meilleure façon de t'aider consiste à s'apitoyer sur ton sort. Ce ne serait pas t'aider. En revanche, comme un bain d'eau gelée, te claquer des baffes à coups de commentaires me semblait plus constructif, quelle que soit l'image que je pourrai laisser de moi. De toute façon je m'en fous : je ne suis pas parfait.
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